Pour tenter de recréer du lien et d’atténuer la sensation de danger immédiat au contact d’autrui qui poursuit ses patients, la directrice a eu l’idée d’expérimenter un projet autour d’un acteur sécurisant : l’animal. « Lorsque je leur demandais ce qui pouvait leur apporter un peu de sérénité, ils me parlaient de leur chat ou des balades avec leur chien, devenues souvent les uniques sorties en dehors du travail » déclare la directrice.

Contrairement aux thérapies à médiation animale classiques où les animaux sont formés et éduqués à l’accompagnement de patients spécifiques, ici, les chiens et les chats choisis sont aussi des « patients ».

« Je connaissais un refuge en Normandie qui s’occupe d’animaux ayant vécu un traumatisme.»

Des animaux à réconforter

La rencontre avec des animaux bien moins menaçants pour eux que des humains, et le réconfort qu’ils pourraient apporter à ces chiens et ces chats traumatisés sont les raisons pour lesquelles les patients acceptent de suivre le projet. Avec leurs thérapeutes et le docteur Morali-Courivaud, ils iront à dix reprises dans le refuge normand. Sur place, une promenade encadrée est prévue avec un chien qui leur sera spécifiquement attribué, et ils iront ensuite passer du temps dans la chatterie pour s’occuper et câliner les chats.

Un véritable lien créé entre les patients et l’équipe des soigneurs

« L’un de mes patients m’a confiée qu’il s’était surpris à discuter de tout et de rien avec l’un des collaborateurs du lieu. Ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps.» Les patients ont eu la sensation d’avoir une place au sein d’un groupe et auprès d’autres êtres vivants dans une situation de besoin affectif et matériel.

Du côté des animaux, l’acclimatation a également été saisissante, notamment pour un Jack Russel d’ordinaire plutôt déchaîné. « Le patient qui devait l’emmener en balade avait une béquille. Contrairement à toute attente, le chien s’est tranquillement posé à ses pieds. Les soigneurs ne l’avaient jamais vu aussi calme », se remémore Delphine Morali-Courivaud. Les patients n’attendent désormais plus la prochaine séance pour se rendre au refuge, ils y vont en covoiturage sans thérapeute. Le programme a remporté l’appel à « Projets innovants de médiation animale en France » de la fondation Affinity, ce qui a permis de financer l’opération.

D’après Capucine Bordet

 

EN SAVOIR PLUS

Créée en 1994, l’Institut de victimologie a pour mission d’améliorer la prise en charge des victimes qui ont subi un traumatisme psychologique. Institutdevictimologie.fr

La fondation Affinity encourage la recherche sur le lien entre l’homme et l’animal. Son objectif est de mieux  comprendre pour quelles raisons l’animal nous apporte non seulement une compagnie, mais aussi un amour inconditionnel qui ne connaît ni races, ni idéaux. www.affinity-petcare.com