Addictions :
nombreuses et dangereuses pour la santé

Les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences souvent délétères sur la santé. Mieux les comprendre permet une meilleure prévention mais aussi d’améliorer la prise en charge.

8%* de la population Française adulte
présenterait un risque chronique d’addiction à l’alcool
et plus d’1/4 au tabac

*selon l’Office français des dépendances et toxicomanies (OFDT)

Des addictions multiples et variées

L’addiction repose sur la consommation répétée d’un produit ou la pratique anormalement excessive d’un comportement qui conduit à une perte de contrôle, à une modification de l’équilibre émotionnel, à des troubles physiques et mêmes sociaux.

Les addictions les plus fréquentes sont relatives à la consommation de produits aux substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis, médicaments, poppers, protoxyde d’azote, ecstasy…). Toutes provoquent un effet immédiat sur les perceptions, l’humeur et le comportement, à un degré variable, et exposent à un risque de dépendance plus ou moins rapide et plus ou moins sévère selon la substance.

Les addictions liées à des pratiques comme les jeux d’argent, les jeux vidéo, le sexe, les réseaux sociaux ou encore les achats compulsifs, sont également très répandues mais moins bien connues. A l’heure actuelle, seuls les troubles liés aux jeux d’argent et de hasard et aux jeux vidéo sont reconnus comme addictions. D’autres troubles comportementaux font actuellement l’objet de recherches qui permettront de mieux comprendre leur pouvoir addictif.

Selon l’OMS, pour 1 adolescent sur 8,
l‘usage des jeux vidéo est problématique

 

Des facteurs de risque multiples

Sur le chemin qui mène à l’addiction, la personne va franchir plusieurs étapes :

  • La première consiste en la consommation ou la pratique simple de la substance ou de l’activité ;
  • Lorsque cette consommation s’installe dans le temps et commence à prendre de la place dans la vie de l’individu, on parle de pratique addictive ;
  • S’en suit l’addiction réelle qui, elle, va plonger la personne dans un état de dépendance émotionnel et/ou physique ;

Le passage d’une étape à l’autre repose sur trois composantes :

  • L’individu (sa capacité à gérer son lien avec la substance ou la pratique, son humeur, son âge…) ;
  • Le produit, qui sera plus ou moins addictif (le crack détient un potentiel addictif très élevé par exemple) ;
  • L’environnement qui entoure la personne concernée (si les parents fument, un enfant aura plus de probabilités de devenir fumeur par exemple).

On sait aussi que plus la personne est exposée jeune au risque d’addiction, plus elle y sera sensible à l’âge adulte.

 

Des conséquences à court et long termes

Les premières conséquences d’une addiction sont immédiates : euphorie, perte de contrôle, diminution du stress, désinhibition… et peuvent entraîner un risque vital immédiat (overdose, coma éthylique, accident de la route ou domestique…).

Conduire sous l’influence d’alcool
augmente de 8,5 le risque d’accident mortel

Les autres conséquences sont d’ordre comportemental : la dépendance envahit progressivement la vie quotidienne entraînant des répercussions négatives sur la vie familiale, relationnelle et professionnelle.

Enfin, les addictions ont bien entendu des répercussions médicales, psychologiques et psychiatriques sur le long terme : modification du caractère, troubles de l’humeur mais aussi risque cardiovasculaire ou de cancer avec le tabac, risque cognitif ou tumoral avec l’alcool, troubles neurologiques et psychiatriques chez les consommateurs de drogues… D’où l’importance de prendre en charge rapidement, dès lors qu’une pratique addictive est repérée (cf interview d’A. Peschard, addictologue en page suivante).

 

PAROLES D’EXPERT

Alexis PeschardEntretien avec Alexis Peschard, addictologue et Président de G.A.E Conseil, expert des addictions en entreprise

Quels sont les signes permettant de déceler une addiction ?

Pour commencer, il est important de préciser qu’une addiction peut se manifester de 3 façons. Prenons l’exemple d’un fumeur : fumer revête une dépendance psychologique (le fumeur éprouve du plaisir à le faire), une dépendance comportementale (fumer donne de l’assurance, permet de rejoindre un groupe en soirée…) et une dépendance physique (le corps réclame la nicotine lorsqu’il est en manque). Un patient sera addicte s’il est sujet à l’une ou plusieurs de ces formes de dépendance.

Pour cela, on va s’intéresser à la relation qu’il entretient avec le produit ou le comportement visé. La question va être, par exemple, de savoir « Ai-je besoin de ce verre pour profiter de ma soirée ? ». Si la réponse est oui, si la personne ne peut s’en passer, la notion de dépendance va conduire à penser que l’addiction est installée.

En pratique, il existe une fiche de 11 critères permettant de graduer la sévérité de la dépendance et ainsi d’établir un diagnostic précis.

Comment aider une personne qui souffre d’addictions ?

La prise en charge des addictions est globale, c’est-à-dire qu’elle comprend un aspect psychologique, social et physique. Le spectre des symptômes et des conséquences de l’addiction est effectivement si large que la prise en charge s’effectue généralement au sein d’une équipe pluridisciplinaire composée d’un psychologue, d’un addictologue, de médecins spécialistes si nécessaire mais aussi d’anciens patients qui ont réussi à surmonter la maladie afin d’apporter le soutien et la motivation nécessaire.

Pour que la prise en charge soit efficace, il est préférable que la démarche vienne du patient lui-même, qu’il ne soit pas contraint de se faire soigner. Les résultats n’en seront que meilleurs. Après avoir fait un bilan médico-psychologique afin de vérifier qu’il n’existe pas de pathologie physique ou mentale sous-jacente, nous entamons un travail motivationnel. Nous demandons au patient de s’interroger sur les bénéfices et les risques liés à sa pratique ou sa consommation. Les personnes dépendantes sont généralement dans le déni et la recherche de justifications. En les incitant à s’interroger, nous les amenons à comprendre que les points négatifs sont bien plus nombreux que les avantages qu’ils tirent de leur addiction.

Généralement, la prise en charge de l’addiction permet aussi de renouer le contact avec les soins, souvent négligés durant la période addictive. Si l’élargissement des soins est souvent source d’angoisses pour les patients, qui ont peur de découvrir des pathologies provoquées par leur addiction, il permet néanmoins une prise de conscience et de travailler sur l’image souvent dégradée de la personne.

Le chemin vers la guérison est long et semé d’embûches mais lorsque le patient est bien entouré, il pourra laisser derrière lui son addiction et recommencer à profiter pleinement de sa vie.

 

Vous voulez en savoir plus ?

Sur www.addictaide.fr, retrouvez gratuitement :

  • des tests spécifiques pour évaluer votre risque d’addiction à différents produits ;
  • un annuaire permettant de géolocaliser les soignants et structures pouvant vous venir en aide ;
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D’après Justine Quénu

Mis à jour le 09.11.2021