Quand les émotions nous submergent

Comment définir ce trouble ?

« L’hyperémotivité est la propension d’une personne à se sentir ébranlée par un événement qui semble peu important. Un changement d’horaire, le retard d’un train, la perte d’un objet suffisent à réveiller son inquiétude, à la déstabiliser et à provoquer dans son quotidien l’effet d’une tornade », explique Virginie Megglé, psychanalyste et auteure de Hyperémotifs, survivre à la tempête intérieure (éd. Eyrolles). Cette haute sensibilité émotionnelle peut aussi bien se manifester physiquement que psychologiquement. « Elle donne l’impression de perdre ses moyens, ses facultés, et de ne plus avoir la force d’agir. Elle est aussi caractérisée par une inquiétude soudainement accrue, un très fort sentiment d’insécurité bien que celui-ci puisse être dissimulé derrière une rigidité excessive », complète Virginie Megglé. Les personnes dites hyperémotives peuvent ressentir des palpitations, des tremblements, des maux de tête, des problèmes digestifs, des insomnies, des cauchemars ou encore des rêves très agités.

 

Quelles sont les causes de l’hyperémotivité ?

Les causes peuvent varier d’une personne à une autre. De manière générale elles sont souvent associées à des événements comme un climat familial incertain durant l’enfance, des traumatismes personnels ou des accidents de vie. « Mais elle peut être aussi partagée et liée à des traumatismes collectifs. Car la peur crée un déséquilibre et rend plus vulnérable donc plus prompt à l’hyperémotivité. Il s’agit le plus souvent de traumatismes liés aux attentats, aux guerres, aux phénomènes météorologiques qui n’ont pas pu faire l’objet de soins réparateurs », ajoute Virginie Megglé. Les parents peuvent aussi transmettre leur hyperémotivité à leurs enfants. Tout comme des traumatismes enfouis qui se révèlent à l’occasion d’un choc émotionnel.

 

Comment gérer l’hyperémotivité au quotidien ?

Une prise de conscience est indispensable. « C’est le premier pas vers un apaisement possible. Il faut cesser de penser que c’est normal ou fatal. Il faut intégrer que l’hyperémotivité est douloureuse. Elle induit un dysfonctionnement tant physiologique que psychologique. Il est important d’apprendre à comprendre ce qui se joue en nous à travers elle. Afin de ne plus se laisser ballotter au gré de ses remous », conseille la spécialiste.
Pour autant, l’hyperémotivité n’est pas toujours négative ! « Elle est une alerte, qui nous invite à mieux tenir compte de nos réactions et de nos besoins. Il ne faut pas hésiter à se faire aider. Souvent l’hyperémotivité s’accompagne d’un grand sentiment d’isolement », conclut la psychanalyste, qui invite les personnes hyperémotives à choisir ou à créer un environnement qui leur convient !

 

L’HYPERSENSIBILITÉ ET L’HYPERÉMOTIVITÉ : QUELLE DIFFÉRENCE ?

Ces deux caractéristiques liées à la sensibilité émotionnelle ne doivent pas être confondues. L’hypersensibilité se manifeste par une forte sensibilité au monde extérieur alors que l’hyperémotivité prend la forme d’émotions intenses qui peuvent déstabiliser. L’hyperémotivité bien sûr exacerbe la sensibilité. Mais elle peut apparaître chez quelqu’un qui ne se considère pas comme hypersensible.

D’après Violaine Chatal

Mis à jour le 15.05.2023