Les différents troubles de la mémoire

La mémoire est aujourd’hui considérée comme un phénomène particulièrement complexe à l’intersection des fonctions cognitives et de la vie affective des individus. Les oublis et les faux souvenirs font partie de son fonctionnement normal, cependant des troubles plus sévères peuvent être observés lors d’affections cérébrales ou psychiatriques, de perturbations affectives ou dans des circonstances particulières.

L’analyse clinique permet de classer les troubles de la mémoire en trois grandes catégories qui sont autant de mécanismes de l’oubli. Pour les comprendre, il faut savoir que l’activité de la mémoire fait appel à trois types de processus.

Comment une information est-elle enregistrée dans la mémoire ?

  • D’abord, une partie des informations sensorielles en provenance de l’environnement extérieur est sélectionné en fonction de notre histoire individuelle, de nos motivations et de nos habitudes. Ces informations sont ensuite codées dans un langage neuronal permettant leur conservation. C’est l’encodage.
  • Dans un second temps, les informations encodées vont subir une phase de consolidation, de façon partielle ou totale,  ce qui va leur permettre d’être conservées de façon plus ou moins définitive. La consolidation (appelé aussi stockage) dépend de différents facteurs comme la ressemblance de l’information avec un contenu antérieur de la mémoire ou son caractère prégnant. 
  • Enfin, l’information mémorisée peut ensuite être restituée (« on se rappelle ») grâce à certains indices externes (reconnaissance de stimuli) ou internes.

Les différents troubles de la mémoire peuvent intervenir au cours de ces trois phases.

Les troubles :

> Les défauts de mémorisation

Des troubles de la mémoire peuvent apparaître au cours de la phase de mémorisation. Ils sont généralement liés à des troubles de l’attention et relèvent soit :

  • de mécanismes cognitifs : encodage déficient en raison d’un temps d’acquisition trop faible ou d’un déficit d’attention
  • de mécanisme affectifs : défaut de motivation, anxiété réduisant l’attention.

Il ne s’agit donc pas réellement d’un oubli, mais plutôt d’un non-souvenir.

> Les déficits de stockage

Les problèmes de consolidation et de stockage sont caractéristiques des lésions de l’hippocampe. Ils peuvent être liés aussi à l’influence du temps qui est un élément essentiel aussi bien dans la mémoire à court terme que dans la mémoire à long terme.

> Les déficits des processus de rappel

Il s’agit des mécanismes de l’oubli les plus fréquents. Le souvenir est bien ancré dans la mémoire mais l’individu est incapable de le restituer. Cette incapacité peut être d’origine :

  • cognitive : baisse des capacités de traitement, interférence de plusieurs souvenirs, erreurs sur le choix des indices de rappel, problèmes rencontrés lors des procédures de recherche ;
  • affective : changements important entre l’acquisition et la restitution, troubles de l’humeur, dépression.

Il existe également des troubles de la mémoire qui n’induisent pas d’oublis mais plutôt des faux souvenirs. Ces derniers peuvent prendre différentes formes :

  • des fabulations : l’évocation d’un faux souvenir par défaut de contrôle de la réalité ;
  • de fausses reconnaissances : par exemple, la reconnaissance à tort d’une personne inconnue ;
  • une paramnésie : il s’agit de la sensation d’avoir déjà vécu une scène ou une situation ;
  • une amnésie de source : confusion sur une date, une information un prénom.

 

Sources :
Baddeley AD, Wilson BA, Watts FN. Memory disorders. Chichester: Wiley ; 1995
C. Derouesné, L. Lacomblez, Sémiologie des troubles de la mémoire
Brédart S, Van der Linden M. Souvenirs récupérés, souvenirs oubliés, faux souvenirs. Marseille: Solal ; 2004

Mis à jour le 28.01.2022