Zoom sur l’open space : trop de bruit au quotidien

Entre les collègues qui discutent et les téléphones qui sonnent, le bruit de la photocopieuse, la vie en open space n’est pas de tout repos. Ces nuisances sonores, souvent négligées, sont source de fatigue et influent sur la productivité. En septembre 2021, 49% des actifs se disent être gênés par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail. Les actifs de 35 ans étant particulièrement concernés.

D’autant plus qu’avec la crise sanitaire et la mise en place du télétravail, les Français se sont habitués au calme de leur domicile, ils tolèrent moins les bruits et y sont plus sensible : 56% des actifs en télétravail 4 à 5 jours par semaine disent souffrir du bruit au travail, et 59% de ceux en télétravail 2 à 3 jours par semaine d’après l’enquête menée par l’association Journée nationale de l’audition (JNA) et IFOP (2021).

Environ deux tiers des salariés français qui travaillent dans un bureau sont en open space, ou partagent l’espace avec au moins deux personnes selon le baromètre Actineo-CSA (2019) consacré à la qualité de vie au bureau. Si cette organisation de l’espace de travail offre un gain de place à l’employeur et favorise la communication entre employés, elle occasionne en revanche certains désagréments, et notamment du bruit. « Le bruit est le facteur de gêne le plus souvent nommé dans nos enquêtes, confirme Patrick Chevret, chercheur de l’Institut national de la recherche et de la sécurité (INRS). Ce sont principalement les conversations intelligibles qui dérangent, plus que le brouhaha. Elles déconcentrent et interfèrent avec la tâche à réaliser. »

Fatigue, stress et baisse de la performance

Le nombre de décibels n’est pas le seul facteur, mais les bruits incessants (conversations, sonneries de téléphone…) ne sont pas sans effet sur la santé. « Ils provoquent une fatigue auditive qui s’accumule au fil du temps, explique le chercheur. Lors de nos enquêtes, les salariés décrivent également un sentiment de stress. » Or, en réduisant la capacité de concentration et en favorisant l’épuisement, le bruit joue sur la performance individuelle. D’après l’enquête publiée par l’association JNA (2020), parmi les personnes gênées par les nuisances sonores sur leur lieu de travail, la très grande majorité s’accorde à affirmer que celles-ci ont des répercussions sur leur travail et leur santé que ce soit leur comportement tels que la fatigue, la nervosité ou l’agressivité (84%), la qualité de leur travail (73%), l’équilibre général de leur santé (73%) ou l’apparition de troubles auditifs (65%).

Concevoir des locaux moins bruyants

Heureusement, pour diminuer les nuisances sonores, des solutions existent. Une norme sur l’acoustique, datant de 2016, identifie quatre types d’espaces ouverts de travail et fournit des recommandations pour chacun d’entre eux.

Plus généralement, « réfléchir en amont à la conception du local et à son aménagement est capital », affirme Patrick Chevret. Il faut bien répartir les salariés sur le plateau et regrouper les personnes qui effectuent le même type de tâche. Les équipements bruyants, comme les imprimantes, doivent être isolés dans un local à part. Il existe aussi des possibilités techniques qui permettent d’améliorer l’acoustique, par exemple des systèmes d’absorption au plafond, la mise en place de cloisonnettes ou encore la pose de moquette au sol pour réduire les bruits d’impact. Les zones de passage doivent faire l’objet d’une attention particulière, afin que la circulation ne se fasse pas dans le dos ou trop à proximité d’un salarié qui doit réaliser une tâche demandant de la concentration. Enfin, une analyse de chaque activité permet d’aménager de manière optimale chaque poste de travail ».

L’association JNA rappelle quant à elle les bons gestes pour préserver sa santé auditive au bureau ou en open space : « Je fais attention au niveau de ma voix, je me rapproche des collègues pour éviter de parler fort ; je porte des protections contre le bruit (bouchons en mousse) pour optimiser ma concentration ; je fais une pause auditive pendant les temps de pause et de déjeuner loin de toute source de bruit. »

Si adopter des règles de bonne conduite relève du bon sens, pour Patrick Chevret, « le plus efficace reste de bien concevoir l’espace de travail ».

Sources :Enquêtes JNA – IFOP 2020,2021 ; Baromètre Actineo CSA 2019 ; France Mutualité N°575
Mis à jour le 09/06/2022